« En détruisant le monde naturel, les hommes rendent aujourd’hui la Terre de moins en moins vivable. Défi majeur de ce début du XXIè siècle, le sommet de Johannesburg doit inverser la tendance pouvant inéluctablement conduire à la catastrophe écologique intégrale… Sinon, le genre humain lui-même sera menacé d’extinction ».
(Ignacio Ramonet - Le Monde diplomatique – 22/08/02).
Le double héritage
L'Occident chrétien a un double héritage qui, malgré son immense valeur dans d'autres domaines, est un double handicap lorsqu’il s'agit d'apprécier à sa juste valeur la diversité du vivant.
L'héritage gréco-latin [1] nous enseigne que l'homme ne fait pas partie de la nature. Héritier de cette tradition, l'occidental ne se considère pas comme un élément de l'écosystème mais comme extérieur et supérieur à lui.
L'héritage judéo-chrétien [1] va dans le même sens ; il nous enseigne – même si cette interprétation est discutable – que l'homme a été créé à l'image de Dieu ; en conséquence, il est libre d'utiliser les autres êtres vivants comme il l'entend et même de les détruire (Genèse, chapitre I [Cobb, 1988]).
Le défi actuel est donc de débarrasser des aspects négatifs de ce double héritage, de redonner à l'homme sa double place, tant dans sa dimension « humanisée » que dans celle de « sa lignée animale », [sans craindre « les accusations de biologisme et les cris effarés des bigots de la sociologie : l'Homme qui parle devant l'Assemblée des Nations Unies et celui qui prie dans une église romane restent des Primates gouvernés par un encéphale et des hormones » - Langaney, 1988, p. 9].
L'Occident chrétien (Europe, USA), par ses activités techniques et économiques, fait peser de graves menaces sur la diversité du vivant. Du fait de cette suprématie Occidentale, celles-ci ont actuellement tendance à se mondialiser très vite.
Les activités humaines
Il ne s'agit ici, bien sûr, que des activités qui portent atteinte à la diversité du vivant.
Les menaces sur les océans, les forêts et les sols arables sont dues à l'intensification des techniques visantl'utilisation industrielle maximale des ressources non renouvelables. La déforestation conduit à l'érosion des sols, ce qui a pour effet d'augmenter la turbidité des eaux océaniques et cause la mort des récifs coralliens. Les deux sommets de la diversité du vivant – la forêt et le récif – sont ainsi menacés par une même activité humaine ; il s'y ajoute, bien sûr, les pollutions diverses.
La chasse, la déforestation, l'agriculture intensive et l'urbanisation, ont été chacune à leur tour, responsables de ladisparition de très nombreuses espèces vivantes, depuis le début de l'époque historique [la liste reste à dresser].
Tout cela se traduit en un terme inquiétant, le développement non soutenable.
C'est aussi à des activités humaines incontrôlées (commerce, introductions volontaires ou involontaires, etc.) que se rattachent une longue série d'invasions biologiques : la perche du Nil, Caulerpa taxifolia, Eichhornia crassipes(la jacinthe d'eau), Miconia magnifica en Polynésie, Imperata cylindrica (Alang Alang d'Asie tropicale) ou encore la fourmi d'Argentine, toutes ces espèces envahissantes peuvent être des dangers pour la diversité.
Au même titre que ce « brassage planétaire », qui n’est pas forcément perçu par tous de façon négative [Gilles Clément – 2002], certains aspects de la mondialisation, par exemple l'anglais au détriment de multiples langues, peuvent aussi être compris comme une menace sur la diversité culturelle. Le racisme, "l'autrisme" – l'expression est de Langaney [Langaney, 1981] - doivent aussi être interprétés comme des sortes de rejets de la diversité humaine.
[1] Nous ne sommes pas ici en train de faire le procès global de ce double héritage, auquel nous sommes culturellement rattachés. Ce sont les aspects qui rentrent dans la problématique de la perte de biodiversité que nous tentons seulement de mettre en exergue.