La compréhension de notre environnement proche a depuis toujours questionné l’humanité : pour des raisons liées à la survie et au développement des sociétés mais également pour des raisons spirituelles ou métaphysiques. Depuis lors, de multiples perceptions se sont succédées, faisant passer les croyances liées à des phénomènes naturels à une compréhension scientifique du monde environnant.
Les Anciens s'intéressaient déjà à la "biodiversité"
Du point de vue de l’histoire des sciences, en Occident, Aristote (384-322 av. JC) fut le véritable « inventeur » des sciences naturelles. Et ses écrits demeureront inégalés pendant des siècles. Occultés, ils feront souvent place à l’obscurantisme et aux superstitions les plus fantaisistes ; redécouvertes par l’intermédiaire de manuscrits arabes, ils contribueront à l’émergence de la nouvelle culture scientifique de l’Occident chrétien.
Au début du XVIIe siècle apparaît la biologie telle qu’elle existe aujourd’hui, bien qu’elle ne soit nommée ainsi qu’à la fin du XVIIIe par Lamarck.
La systématique – première classification du vivant – prend naissance avec la publication, en 1735, des « Systèmes naturels » de Carl von Linné (1707-1778). Le siècle des Lumières ouvre alors grand la voie au rationalisme. À cette époque, la connaissance s’étend du proche au lointain avec les grandes expéditions qui ont jalonné le XVIIIe siècle : James Cook, Bougainville, La Pérouse, etc. Celles-ci furent marquantes d’un point de vue naturaliste, car elles embarquaient avec elles des scientifiques dans le dessein d’inventorier la diversité de la planète : Solander, Banks, Commerson, La Martinière, etc.
Les épopées naturalistes du XIXè siècle
Von Humboldt fit un brillant inventaire terrestre en Amérique latine durant 4 années, pendant lesquelles il collecta de nombreux échantillons de plantes, témoignage de la richesse de la flore tropicale. Darwin, au cours de son voyage sur le « Beagle » (1831-1836), posa le principe évolutionniste avec sa très célèbre théorie de la sélection naturelle et la publication de l’ouvrage « de l’origine des espèces » en 1859.
Les Museums du monde entier se consacrent alors davantage à constituer des collections pour étudier le monde du vivant.
À la fin du XIXe siècle, Mendel met en avant les lois de l’hérédité, lois qui propulsent la diversité à une échelle bien plus fine. La découverte, au milieu du XXe siècle de la double hélice de l’ADN, par Watson et Crick, ouvre la voie à de nouvelles classifications des espèces basées, non plus sur des critères morphologiques, mais sur des caractères génétiques.
Un véritable "saut épistémologique"
1982 semble être une date-charnière vis-à-vis de notre conception de la diversité biologique, celle-ci se définissant jusqu’alors scientifiquement par le nombre d’espèces vivantes sur Terre. Avant cette date, l’estimation communément admise était d’environ 2 millions d’espèces. L’un des évènements marquants fut l’accès à la faune d’une canopée forestière tropicale par Terry L. Erwin, à la suite de quoi le chiffre monta à 20, 50, voire 100 millions d’espèces !
C’est dans les années qui suivirent que le besoin s’est donc fait sentir, dans le monde scientifique, d’avoir un mot pour désigner cette masse astronomique d’espèces vivantes : le National Research Council lance le terme de« biodiversity » en 1986, contraction de « biological diversity ». Depuis, l’étude de cette biodiversité, en complément d’un inventaire d’espèces présentes sur Terre, s’élargit à la dynamique du monde du vivant pour intégrer les 3 niveaux hiérarchiques de la diversité biologique : les gènes, les espèces et enfin les écosystèmes avec lesquels interagissent les sociétés humaines.