Louis XIV affectionnait particulièrement ses jardins à Versailles. Il ne reculait pas face aux défis pour proposer à sa cour et à ses invités un spectacle aquatique de premier ordre.
Aux temps fastes de Versailles
Dans cette optique – sur les conseils de l’Abbé Picard, spécialiste des relevés de nivellement grâce à son invention, la lunette à visée – le Roi ordonna la création d’un réseau hydraulique complexe capable d’alimenter l’ensemble des jets d’eaux du parc simultanément. Plusieurs étapes se sont succédées avant de parvenir à un système satisfaisant qui dura près de trois siècles. La première consistait à puiser l’eau dans l’ancien étang de Clagny, proche du château, au moyen de moulins à vents et de manèges à chevaux.
Mais cette solution s’avéra insuffisante…
Sous la direction de Colbert, les ingénieurs mirent en place un système de drainage des eaux de pluie du plateau de Saclay. Parallèlement, ils prélevèrent les eaux de la Bièvre qu’ils acheminèrent vers le réservoir de Satory par des moulins à godets.
Mais cette solution s’avéra encore insuffisante…
Deux autres alternatives viables furent ainsi élaborées : le pompage de l’eau de la Seine grâce à la machine de Marly, à Bougival, et le drainage des eaux de pluie des plateaux environnants de Versailles. Le plateau de Trappes fut le premier drainé. Les eaux étaient retenues dans l’étang de Trappes, devenu aujourd’hui l’étang de Saint-Quentin-en-Yvelines, et ceux de Bois d’Arcy et de Bois Robert aujourd’hui disparus. Les eaux étaient acheminées vers le réservoir de Gobert par l’aqueduc de Trappes.
Techniquement, ce système était satisfaisant, mais il ne permettait pas de couvrir les besoins gargantuesques des jardins du Roi Soleil. Colbert puis Vauban l’étendirent pour donner un système d’étangs, dit inférieurs. Il comprenait les retenues de Saclay, toujours présente, d’Orsigny et du Trou Salé, aujourd’hui disparues. Les eaux recueillies étaient acheminées au réservoir de Gobert par l’aqueduc de Buc (l’un des plus beaux édifices du réseau). Ces ouvrages furent réalisés entre 1680 et 1685.
Parallèlement, un second système, dit des étangs supérieurs, fut développé à partir de 1683. Le site des étangs de Saint-Hubert furent aménagés dans ce contexte, faisant partie d’un réseau plus vaste composé des étangs de la Tour, de ceux du Perray, des retenues des Hautes-Bruyères, de Coignères et des Essarts. Le drainage des eaux de l’ensemble du plateau alimentant les différents plans d’eaux pouvaient ensuite être acheminés sur le domaine de Versailles par l’intermédiaire d’une rigole principale : le Grand-Lit-de-Rivière. Les étangs supérieurs alimentaient les réservoirs de Montbauron.
À la fin des travaux, ce réseau était constitué de quinze étangs, huit retenues, soixante-dix kilomètres de rigoles, trente-quatre kilomètres de Grand-Lit-de-Rivière (dont les deux tiers en aqueduc). Suivant les besoins du parc du château, ces eaux stockées étaient déversées dans le « Grand Lit de Rivière » pour rejoindre les réservoirs par gravitation.
Mais cette solution s’avéra toujours insuffisante…
Le roi envisagea alors de détourner les eaux de l’Eure. Ce chantier nécessitait la réalisation de quatre-vingt-trois kilomètres de canaux et ne vit jamais le jour du fait de la guerre et du manque de crédit.
Aujourd’hui, ces étangs n’alimentent plus le parc de Versailles, mais les étangs supérieurs, toujours fonctionnels, sont gérés par le Syndicat Mixte d’Aménagement et de Gestion des Etangs et Rigoles (SMAGER) et contribuent à l’assainissement de zones historiquement marécageuses et insalubres. Le réseau sert désormais principalement l’agriculture et les zones urbaines. La connexion aval – située entre l’étang de Saint-Quentin et Versailles – est désormais hors service, l’aqueduc de Trappes ayant été partiellement détruit dans les années 1970 lors de l’urbanisation de Saint-Quentin-en-Yvelines.