La mise en eau du barrage, construit sur le Fleuve Sinnamary, au lieu-dit « Petit-Saut » a noyé plus de 300 kilomètres carrés de forêt tropicale guyanaise, représentant une biomasse estimée à 20 millions de tonnes.
Un programme de sauvetage
Trop peu d’animaux ont bénéficié du plan de sauvetage « faune sauvage » programmé par EDF et mis en œuvre par une équipe vétérinaire chargée de leur sauvegarde. Mourir noyé ou d’inanition, et ce, à condition de savoir grimper, tel était le choix qui leur était proposé… Une montée des eaux (environ 5 cm / jour) laissait en effet peu de chance aux animaux réfugiés dans les arbre, même les plus accueillants. Les individus récupérés, de la mygale allant jusqu’au paresseux, ont été relâchés dans une réserve de 150 kilomètre carrés où les chercheurs devraient pouvoir observer à loisir les stratégies de reconquête du territoire (si tant est que la notion de territoire puisse encore dire quelque chose pour ces animaux transplantés). On peut regretter cependant qu’EDF n’ait pas rajouté « Flore » à son programme, car la totalité des plantes de la zone inondée n’étaient pas encore répertoriées. Des plantes endémiques, potentiellement utiles pour la médecine servent donc maintenant de nourriture aux rares espèces de poissons qui auront réussi à s’adapter aux eaux euthrophisées !
Un manque d'oxygène
En effet, les rejets de méthane, d’hydrogène sulfluré, de gaz carbonique et d’ammoniac, ainsi que la baisse du taux d’oxygène due au pourrissement sur place des 107 millions d’arbres de diamètre supérieurs à 10 cm étaient à prévoir. Même si, pour cause de « coefficient de rentabilité » le coût de la coupe des arbres (2 milliards de franc) ne pouvait être ajouté à celui du barrage (2,7 milliards de Franc), on peut se poser la question de l’avenir touristique de Petit-Saut, toute activité nautique (pêche, baignade…) y étant pour longtemps compromise. Ajoutons à cela que Petit-Saut, construit en partie pour alimenter en partie le « Port spatial de l’Europe » s’avère d’ores et déjà obsolète. Il devra être épaulé par un autre ouvrage, encore plus imposant, dans les diz années à venir.
Encore une fois, l’intérêt économique à court terme a été privilégié sur toute autre considération. Navrant ! •
Frédéric Denhez - 1995