Arrivés de la vallée de l’Amazone, les Amérindiens (Arawak et Karib) sont les premiers à coloniser le Plateau des Guyanes (période précolombienne – premier siècle avant notre ère). La population actuelle est une mosaïque très hétérogène de près de 60 nationalités qui, chacune à sa façon, présente des caractères de légitimité de culture et de territoire. Encore faudrait-il régler la délicate question de l’immigration clandestine, inefficacement combattue, car trop importante pour être correctement jugulée.
Une terre, des hommes…
Parallèlement, le discours du développement économique va de paire avec un seuil « minimal de population ». D’où certaines contradictions entre ces deux exigences antagonistes, qui laissent à penser que l’intérêt communautaire pourrait prévaloir au détriment de certaines des minorités historiques…
Il en ressort naturellement une interrogation sur la réalité d’une ‘identité Guyanaise » – que certains préfèrent appeler « Guyaneté » – qui seule pourrait être porteuse d’espoir à ceux qui souhaiteraient obtenir une plus grande indépendance vis-à-vis de la Métropole.
… des fleuves…
Fleuves et cours d’eau serpentent à travers la foret, à la rencontre de milieux divers et variés. Aux débits très élevés, donc difficilement navigables, ils sont tout de même les meilleures voies d’accès vers l’intérieur des terres. Toutefois, les « sauts » (terme local qui signifie les rapides) et l’irrégularité du régime des eaux selon les saisons ne permettent globalement que l’utilisation de pirogues hydrodynamiques, légères et portables.Le réseau hydrographique est très dense en Guyane française.
… des écosystèmes particuliers…
La Guyane Française se situe dans un contexte guyano-amazonien, défini comme un ensemble géologique formé de roches très anciennes. Ce territoire constitue un patrimoine certes Français, mais également d’importance mondiale et recouvre une valeur inestimable. En effet, ce morceau d’Amazonie représente, en superficie, la surface la plus importante de forêt équatoriale d’un seul tenant, encore quasiment vierge et pour ainsi dire inhabitée.
L’importance de cette forêt est d’autant plus remarquable que, sur notre planète, ce type de milieu est détruit partout à une cadence pour le moins infernale. Ce sont, chaque année, entre 11 et 20 millions d’hectares qui disparaissent de la Terre (soit environ 1/10ème de la France) et toute la vie qui va avec. L’existence d’espèces endémiques (spécifiques à une région donnée) montre que plus qu’une composante de la forêt amazonienne, la forêt Guyanaise est une région très particulière, malgré l’absence de véritables barrières orographiques (dues au relief).
Les études actuelles attestent de la fabuleuse diversité biologique de la Guyane Française. On estime à près de 400.000 le nombre d’espèces animales et végétales.
C’est encore l’un des endroits au monde où l’on découvre de nouvelles espèces.
La forêt occupe la majeure partie du territoire guyanais (97% de la superficie totale). Cependant, les zones littorales et sub-littorales occupent également des milieux forts intéressant au niveau de la richesse écologique. Les plages sablonneuses de la Guyane française sont considérés comme le premier site de ponte au monde pour la Tortue Luth (Dermochelys coriacea). Celle-ci est présente sur les plages du nord-ouest lors des périodes de reproduction et ce secteur représente la plus forte concentration au monde. Chaque année, près de 15.000 femelles viennent pondre sur les côtes guyanaises, la population mondiale étant estimée entre 29.000 et 40.000 femelles (étude Pritchard – WWF). Les mangroves (voir article) sont un lieu de nidification pour les célèbres Ibis rouge (Eudocimus ruber) ; les côtes rocheuses (îles) servent de reposoirs à de nombreux oiseaux marins… Les marais sub-côtiers sont des écosystèmes fragiles, riches d’une faune spécifique et devenue rare (à l’image du Caïman noir - Melanosuchus niger, espèce menacée).
… Une faune innombrable…
-
160 espèces de mammifères, parmi lesquels jaguar, tapir, lamantin, loutre géante, tatou, paresseux, opposum, etc. La moitié étant représentée par le groupe particulier que représente les chauves-souris avec 80 espèces différentes sur le territoire guyanais ! Au cœur de la forêt, la densité est estimée à environ 3.000 mammifères au kilomètre carré…
-
Près de 700 espèces d’oiseaux, dont certains des plus typiques sont encore : aras, toucan, hoccos, agamis, ibis vert, coq de roche, etc., sans oublier le très curieux hoatzin huppé appelé localement « Sassa » (voir article). La densité des oiseaux est estimée, pour sa part, comprise entre 1/200 et 1.700 individus au kilomètre carré. Egalement valable pour les forêts de l’intérieur.
-
40 espèces différentes de lézard, Près d’une centaine de serpents, 20 de tortues, 4 espèces de caïman et environ 110 d’amphibiens (dont 7 espèce de Cécilies, ordre des gymnophiones, amphibiens sans patte et vermiformes).
- L’entomofaune (insectes) est estimée, pour sa part entre 350.000 à 400.000 espèces et les projections vont jusqu’à 1 million avec pas moins de 5.000 espèces de coléoptères. La grande majorité restant encore bien sûr à découvrir. Ceci représente entre 10 et 20% de l’entomofaune mondiale.
… Une flore d’une richesse inouïe…
Sur le plan botanique, 6.000 espèce végétales sont récences pour environ 10.000 estimées avec un grand nombre de plantes endémiques. Ce ne sont pas moins de 300 espèces d’orchidées qui sont présentes dont 243 faisant partie des plantes épiphytes (Cremers/Hoff – 1992) aux adaptations particulières qui leur permettent de prendre appui sur les arbres, mais n’en tirant aucune substance nutritive, contrairement aux plantes parasites. Citons également les 1.000 espèces d’arbres qui peuplent la Guyane et près de 160 à l’hectares (Source Orstom - tandis que pour comparaison, la France métropolitaine totalise environ 130 espèces sur l’ensemble du pays).
De l’immense forêt qui recouvre la Guyane, toutes les ethnies traditionnelles tirent, depuis des siècles, les nombreuses plantes qui permettent de combattre les diverses affections ou maladies locales. Cependant, cette connaissance de la pharmacopée traditionnelle tend à se perdre et, afin de pouvoir préserver cette masse de connaissances empiriques et préserver ce potentiel formidable, il est absolument nécessaire de savoir étudier, mais surtout préserver ce patrimoine d’une importance vitale. Cette démarche permettrait également à la Guyane française d’occuper une place d’importance dans la recherche mondiale de nouveaux médicaments.
…Et pourtant, tout ce patrimoine reste potentiellement menacé !
Pour en savoir un peu plus :