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Au fil des connaissances

Le loup de retour en France

Au fil des connaissances

Ecrit par Aye-Aye environ... dans Bio-Scène le 25 oct 2015

Canis lupus – le Loup gris – est l'espèce de Canidés la plus largement répandue sur la planète.
(Source Wikipedia - "Canis lupus 265b" by Chris Muiden from nl. Licensed under CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons).


L’Eglise avait accrut son pouvoir sur les croyances en fournissant des « preuves scientifiques » de sa doctrine.

Il s’agissait en fait d’un ouvrage (Physiologus) qui perpétuait l’image de la Nature adaptée à sa propre convenance, en agrémentant les textes – composés de leçons de morale – à des images religieuses. Aucun écrit ne venant contredire les « connaissances » en histoire naturelle de l’époque…

L’Eglise avait imposé un Dieu unique, mais cela ne suffisait pas toujours. Chaque chose inconnue ou n’ayant pas d’explication religieuse était irrémédiablement classée comme surnaturelle ou diabolisée. Le loup, bien évidemment rentrait dans cette catégorie facile, et on lui prêta toute sorte de vertus extraordinaires. On croyait qu’absorber telle ou telle partie du corps de l’animal avait des pouvoirs de guérison ; le cœur, par exemple, mis en poudre combattait l’épilepsie ; il rendait également courageux mais aussi belliqueux. Les dents de loup permettaient de faire ressortir celles du nourrisson si celui-ci les suçait…

Au XVIII è siècle, Linné – Naturaliste de son état – entreprend un classement des animaux en sa basant sur une approche véritablement scientifique et sur des caractères morphologiques typique à chaque espèce. C’est une véritable révolution, tandis que la méthode précédente procédait à partir de valeurs « morales ». Le loup d’Europe, qui avait autant de nom que de personnes pour le décrire, prendra alors dans la terminologie scientifique le nom latin de « Canus lupus » (voir article "Comment s'organise la classification ?).

Puis, vers le milieu du XXè siècle, des scientifiques s’intéressent de plus près à sa biologie et à l’impact du loup sur l’écosystème.

Après de nombreuses études sur les populations ayant survécu à l’élimination des siècles précédents (et toujours plus ou moins en vigueur), il ressortira non seulement le loup n’est pas la bête féroce et mangeuse d’hommes – comme la tradition populaire le laissait croire si ardemment – mais qu’au contraire, c’était un animal socialement très évolué, aux mœurs fidèles et de surcroit extrêmement craintif vis-à-vis de l’homme…

De plus, une meute de loup tient un rôle écologique d’une importance capitale en régulant de façon particulièrement efficace les milieux où il vivait. A la lumière des réalités scientifiques, Canus lupus reprenait ainsi son statut normal de prédateur, essentiel à la bonne santé d’un écosystème en vertu de sa « réalité biologique ».

Variabilité de coloration au sein d'une même meute.
Source Wikipedia - "Yellowstone Wolves" by Doug Smith - http://www.nps.gov/yell/photosmultimedia/photogallery%2Ehtm?eid=379961&root_aId=547#e_379961. Licensed under Public Domain via Wikimedia Commons


L’exemple le pus révélateur de cette fonction dans l’écosystème se révèle de façon évidente dans l’étude menée au USA par le Professeur David Mech – éminent spécialiste du loup – dans l’Île Royale sur le Lac supérieur. Une population d’Elans colonisèrent l’île par un passage à la nage depuis le continent ou en profitant d’une période de gel prolongé leur ayant ouvert le passage. Un véritable havre de paix pour ces animaux qui disposaient là d’une nourriture en abondance et, cerise sur le gâteau, d’aucun prédateur pour perturber leur vie devenue paisible.

Tant et si bien que l’espèce prospéra et que le paradis pour une population de 500 têtes ne l’était plus pour plusieurs milliers d’individus ; la nourriture se raréfiait en effet de façon drastique allant jusqu’à mettre en péril la population toute entière, la prédisposant ainsi aux parasites et autres dégénérescences due à un nombre trop élevée d’individus sur une superficie limitée.

Le processus de dégradation du biotope s’accéléra, jusqu’à ce que la solution vienne naturellement lorsque le lac, de nouveau gelé, permit le passage d’une meute de loup. En l’espace de quelques mois, ces derniers tuèrent de préférence les individus les plus faibles et l’équilibre du système se rétablit rapidement entre population d’élans et nourriture disponible (Voir également une étude récente menée dans le parc de Yellowstone dont les résultats semblent particulièrement intéressants).

L’homme croit en permanence pouvoir gérer mieux les milieux en se les appropriant pour son usage unique. Force était de reconnaître l'erreur qui risque de lui être fatale !

Grâce à la régulation qu’exerçait le loup sur ses proies, la preuve scientifique était apportée de la nécessité de conserver des prédateurs dans un écosystème afin de garantir un équilibre à long terme. Leur action se révélait non seulement largement bénéfique, mais surtout indispensable (voir notre article sur la prédation).

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