Menu utilisateur

L‘industrie chaufournière : une évolution incarnée dans la pierre

Groupe

Commentaires

L’activité chaufournière est présente dans le bassin de la Rance de manière attestée à partir du premier Empire. Elle se poursuit jusqu’en 1914 et au-delà, avec un fonctionnement maximum pendant la seconde moitié du XIXème siècle, et plus particulièrement durant le second Empire. On rencontre des fours à chaux dans la zone de Dinan, à Lanvallay, à Léhon et au Quiou, ainsi que dans la zone estuarienne à Pleudihen-sur-Rance et à Saint-Servan. Les sites de l’estuaire sont plus précoces que ceux de la zone de Dinan, et surtout que ceux du Quiou. En 1812, cinq fours à chaux sont en place à Saint-Servan, et un à Pleudihen-sur-Rance, alors qu’à Dinan, quand Louis Bonnier demande à pouvoir installer son four à chaux sur la propriété de la Grande Vigne, en 1820, il précise que « cette usine sera d’une très grande utilité pour la ville de Dinan et les communes environnantes attendu qu’il n’existe aucune usine de cette nature et que deux cents communes au moins viendront s’y approvisionner en chaux qu’on tire de Saint-Servan ou Pleudihen ». Au Quiou, la fabrication de chaux ne prend une réelle ampleur qu’à partir de 1892.

Les fours à chaux étaient implantés en milieu urbain comme en milieu rural. Ils ne sont pas systématiquement isolés, bien qu’il s’agisse d’une activité polluante et dangereuse. La proximité d’autres constructions – habitations, entrepôts et magasins, bâtiments industriels – fut à l’origine de nombreuses plaintes et querelles. La crainte des incendies, plus particulièrement pour les fours fonctionnant au bois, puis de la pollution pour les fours fonctionnant à la houille, n’incitant pas le voisinage à regarder favorablement les installations.

Les sites chaufourniers, par la nature des architectures mises en place et l’agencement général des espaces de travail, forment des ensembles remarquables dans le paysage. Dans plusieurs cas, les « inventeurs » ont su tirer parti des opportunités de la topographie lors de l’aménagement des sites. A Dinan et à Lanvallay, ils ont exploité la déclivité naturelle du terrain pour optimiser la fonctionnalité des installations. Quant aux fours Bougeard, au Quiou, ils sont placés dans une profonde excavation creusée de main d’homme et formant une césure manifeste dans le paysage.

Chaque site chaufournier forme un complexe plus ou moins important, au sein duquel les différents éléments s’organisent logiquement depuis le lieu de production jusqu’au lieu de chargement des marchandises, permettant une progression rationnelle du travail, évitant les trajets inutiles. Les ensembles sont massés, les bâtiments placés dans la continuité les uns des autres pour un enchaînement rapide des opérations. Cette efficacité peut être renforcée par la présence de rails, comme sur le site de la Ville-aux-Olliviers. Ces installations assurent le transport des matières mais matérialisent également de manière permanente, 365 jours sur 365, de jour comme de nuit, le lien entre les différents pôles du site : zone des matières premières, zone de cuisson, zone de traitement, zone de stockage, zone d’enlèvement des produits.

Recherche

Démarche non mercantile de valorisation de la biodiversité à travers la diffusion des connaissances, la diversité des points de vue et l'usage coopératif du multimédia.